ARTICLE ALTILIGERIENS MAGAZINE // HIVER 2024
De la haute couture à l’agriculture
Elle est passée des podiums parisiens aux pâturages altiligériens.
Émilie RIZZO, styliste de profession, a quitté le monde de la mode pour emprunter un chemin plus sain, plus porteur de sens. Un chemin qui l’a conduite en Haute-Loire. C’est ici qu’elle a donné vie à « 6h55 Mouvement Moutonneux ». Une entreprise à son image, éthique et profondément empathique !
Avant de trouver sa voie, Émilie a longtemps marcher sur un fil. Comme un équilibriste qui cherche son centre, elle a tangué durant de nombreuses années.
Un rêve d’enfant pas si charmant
« J’ai toujours rêvé de travailler dans la haute couture depuis que je suis toute petite. Mes parents ne voulaient pas que je sois styliste mais j’ai cru en mes rêves. Et ça a marché, j’ai obtenu mon diplôme et pendant près de 6 ans, j’ai travaillé comme petites mains pour de grandes maisons de luxe comme Dior, Jean-Paul Gaultier. Mais à aucun moment, je ne me suis sentie à ma place. » Émilie ne parvient pas à se faire à cet univers où le gaspillage est roi. Des tonnes de tissus jetés, des produits emballés à l’unité envoyés à l’autre bout du monde, une fast-fashion destructrice qui la rend malade.
« J’ai pris mes distances une première fois à l’arrivée de mon 1er enfant. Avec mon conjoint, nous sommes venus nous mettre au vert à La Séauve-sur-Semène ou mes parents avaient un appartement. Mais c’est réellement lors de ma deuxième grossesse fin 2019 que la bascule s’opère totalement. Nous achetons une maison à Bas-en-Basset. A cette époque, nous prévoyons de faire un tour du monde mais la Covid passe par là et finalement nous restons sur place.»
Deux grossesses et un adieu
Il faudra plus de 10 ans à cette môme de Sainté pour dire définitivement adieu à cet univers qu’elle avait idéalisé.
Une rencontre providentielle
À défaut de voyager et de se dépayser, Emilie va faire une rencontre qui va tout changer. Cette rencontre providentielle s’appelle Patrice, son voisin. « Il est agriculteur et éleveur de moutons. Alors que nous buvions l’apero chez lui, mon regard se porte sur des gros sacs. À l’intérieur se trouvent des tonnes de laine laissées là sans aucune utilité précise. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’intime conviction qu’il y a quelque chose à faire avec cette laine. »
Pendant des jours, Émilie va faire des recherches, s’informer sur cette matière première. Elle est persuadée de tenir quelque chose mais quoi ? Le destin va lui donner un nouveau coup de pouce. « Au même moment, je rejoins une structure dappui à la création den-treprises qui va maider à affiner mon projet. »
6h55 est créé
L’aboutissement de cette démarche arrive en 2021. Emilie crée « 6h55, Mouvement Moutonneux ».
« Je me suis creusé la tête pour trouver comment je pouvais valoriser cette laine avec quelque chose d’utile au plus grand nombre. Et je me suis dit le sommeil est essentiel à tout être humain, il est important d’avoir le top du top pour accompagner nos nuits. Je vais donc faire de la literie. »
Emilie fait alors le tour des fermes pour sélectionner la matière première. La fabrication est quant à elle assurée par une entreprise altiligérienne qui croit dès le début au projet.
6h55 est une toute jeune entreprise mais elle a déjà sa clientèle, des personnes sensibles au produit 100 % naturel, mais aussi ceux qui ont des allergies. Et puis il y a ceux qui se sont pris d’affection pour Émilie et ses petites vidéos du quotidien humoristiques qu’elle publie régulièrement sur son compte Instagram.
« Je sais que la laine a une image un peu vieillotte et si je veux la réhabiliter surtout auprès de jeunes, il faut jouer la carte du fun, de l’humour. »
Plus qu’une entreprise, une philosophie
Mais attention la légèreté de la forme, n’enlève rien au sérieux du fond.
Lobjectif avec 6h55 ce n’est pas seulement de faire de la literie mais de mettre en lumière la filière de la laine, les éleveurs ovins. « Jaimerais pouvoir très prochainement créer un collectif autour de la préservation de la laine et aussi réaliser des vidéos portrait sur ces agriculteurs car ils le méritent. Patrice serait certainement le tout premier car aujourd’hui c’est mon 1er fan. Ce serait un honneur pour moi. »
Décidément, des paillettes à la couette il n’y a qu’un fil. Celui de laine !
G.Tardy
